Marcel BERNARD, l'un des membres fondateurs et ancien directeur de la société coopérative COMEHOR 2
Médiathèque (photothèque, sonothèque, vidéothèque)
Identifier:
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Description
« C'est presque un roman la vie de COMEHOR »
M. BERNARD est plus jeune de quelques années que M. LACROIX. Contrairement à cet ainé, il n'a pas hérité d'une culture familiale de décolleteur. Originaire de Nîmes, «c'est en passant par la case Plateau d'Assy», ce village de la haute vallée de l'Arve où sont soignés les malades de la tuberculose, que commence son histoire industrielle. Une histoire, qu'il me raconte avec son accent du sud, de sept garçons qui se rencontrent au sanatorium et qui par le hasard de la vie deviennent patrons-décolleteurs.
Avant d'arriver au sanatorium, Marcel Bernard exerçait le métier de typographe. Avec sa maladie, il ne peut plus reprendre cette activité, et tout comme ses collègues du «sana», doit se reconvertir. En 1951, ils sortent avec un diplôme de monteur-réparateur horloger de l'atelier de rééducation à l'effort La Passerelle. Rendus à la vie civile, ils n'ont alors plus rien, «que la tuberculose comme viatique».
C'est un homme, alors Directeur du travail et de la main d'oeuvre, qui les prend sous son aile : son «dada en dehors de son boulot était de s'occuper des handicapés après leur maladie». Non seulement il leur conseille de s'orienter vers Cluses «où il voyait l'avenir florissant», mais il leur trouve des commandes et couvre pendant un temps leur «atelier clandestin» de montage. Les sept garçons, dont la moyenne d'âge est de 25 ans, se sont en effet installés dans un hameau au-dessus d'Arâches, l'Arberroz, et ont constitué une sorte de communauté de vie et de travail non déclarée !
C'est le 1er mai 1952 qu'est fondée la coopérative de production COMEHOR, une société commerciale dont le capital appartient à ses gars « sans le sou » qui ainsi en deviennent les salariés-sociétaires. En 1957, «piqués par le virus du décolletage», ils transfèreront l'entreprise coopérative à Cluses, où elle se trouve toujours. Elle continuera jusqu'à récemment à embaucher d'anciens malades soignés au Plateau d'Assy, et au départ en retraite de M. BERNARD elle comptait une cinquantaine de salariés dont 90% de sociétaires.
En diaporama, l'objet représentatif qu'a choisi Marcel BERNARD: une photographie des sept sociétaires autodidactes, et au-milieu d'eux la «mémé», une mamie du village de l'Arberroz, qu'ils avaient embauchée sur sa proposition pour leur faire à manger. Cette photo est intitulée « Les pieds Nickelés »
Photographie issue de l'enquête et l'exposition « Portraits du décolletage » de Caroline HOUAL
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