M. BALLOUT (à gauche) et M. KHATIMI, anciens travailleurs de l'industrie du décolletage
Médiathèque (photothèque, sonothèque, vidéothèque)
Identifier:
150507_clu_bia_g_003
Description
On les appelle les «Chebani», ce qui veut dire «anciens» en arabe.
Début septembre 2014, j'appelle au Foyer Alfa 3 de Marnaz, un foyer d'hébergement à caractère social.
Je souhaite avoir l'orthographe précise du nom de M. BALLOUT que j'ai interviewé quelques mois auparavant et qui y est résident. Je souhaite lui adresser sa photographie par la poste. La responsable me répond très gentiment : «il est rentré au pays, mais nous gardons son courrier pour son retour».
M. BALLOUT est arrivé à l'âge de 17 ans à Cluses, c'était en 1966. Il est originaire de Sétif en Algérie et sa famille était venue chercher du travail en Haute-Savoie. Depuis il n'a plus quitté la vallée de l'Arve où il a travaillé pendant 42 ans dans l'industrie du décolletage. Il vit seul au foyer de Marnaz. Sa femme et ses huit enfants sont en Algérie : il n'a pas souhaité que ceux-ci grandissent à France, « question d'éducation ».
En arrivant à Cluses, il a vécu dans des baraques mises à disposition par les employeurs, souvent à proximité du lieu de travail. l'important était d'avoir un toit, même si ces hébergements étaient parfois précaires, voire insalubres. Ses débuts dans le secteur du décolletage se sont faits en tant qu'apprenti. Puis grâce à la formation que lui a fait suivre son employeur, facilitée par le fait qu'en Algérie il ait appris à lire et écrire le français, il a pu se qualifier jusqu'à être «OP3», régleur sur machine-outil. Son travail était apprécié. Il me rapporte les propos d'une de ses patronnes : «j'aurais jamais pensé qu'un jour un arabe puisse faire tourner une machine mieux qu'un français».
Maintenant à la retraite, il fait «la navette» entre Cluses et l'Algérie: il a vécu si longtemps en vallée de l'Arve qu'il y a fait sa vie et construit son indépendance. Sa famille, d'ailleurs, «le considère comme un citoyen français».
« Depuis ce jour, quand je suis arrivé là, je suis resté là »
M. KHATIMI, lui, est arrivé en 1962 à Cluses.
Photographie issue de l'enquête et l'exposition « Portraits du décolletage » de Caroline HOUAL
Rights
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